Voici son éditorial:


Un vent de folie immobilière souffle sur les Alpes. Les Suisses vendent les derniers mètres carrés constructibles des stations touristiques. A qui? A une richissime clientèle étrangère qui achète terrains, chalets de luxe en gros, et cela à n’importe quel prix.

C’est l’aubaine pour le bâtiment, certes. Mais c’est aussi alarmant. La fièvre acheteuse change l’image et la structure sociale des stations, qui sont en train de devenir des ghettos pour riches. Depuis que le prix dumètre carré à Zermatt ou à Verbier atteint le niveau des centresvilles, les jeunes indigènes ne trouvent plus à se loger dans leur propre village. Les travailleurs du tourisme doivent émigrer vers les vallées, d’où ils remontent chaque matin pour travailler «chez eux». C’est indigne. Les nouveaux «lits froids» aggravent la situation de l’hôtellerie, qui perd sesmeilleurs clients. Et les communes et entreprises de remontées mécaniques, elles, n’ont plus les moyens pour financer l’infrastructure nécessaire, pour la simple raison que les nouveaux vacanciers riches profitent bien de celles-ci mais ne paient que des taxes ridiculement
basses. C’est injuste.

Jusqu’à quand les habitants des plaines seront-ils encore d’accord de subventionner des régions de montagnes qui sont devenues des quartiers de villas? ADavos, on a bavardé du réchauffement de la planète. Mais les congressistes n’ont pas remarqué que devant leur porte, la température du marché de l’immobilier a déjà atteint le point d’ébullition.

Notons qu’il y a une loi qui limite la vente d’immobilier aux étrangers, la loi Koller. Mais elle est si facile à détourner qu’il faudra probablement la remplacer. Par d’autres règles, plus adaptées à la situation actuelle. Mais des règles qui mettent des limites claires à la folie immobilière. Sinon, la marmite risque d’exploser.

peter.rothenbuehler(AT)edipresse.ch

Lire l'article consacré au sujet ce matin, dans Le Matin